Bulletin du Call de Girona - Numéro 13   «Lumières et étoiles dans le quartier juif»
Février 2010

Éditorial

Le ciel, les étoiles et les juifs

Joan Miró Ametller

La contribution de la culture hébraïque à l'astronomie ne commença à prendre de l'importance que lorsque, déjà circonscrite au composant juif, elle s'inscrivit dans le contexte d'autres cultures. Cela ne veut pas dire que les juifs, et les Hébreux en général, n'observaient pas les astres ni qu'ils ne connaissaient pas l'astrologie. Il est évident qu'ils ont été constamment en contact avec des populations qui non seulement la connaissaient, mais qui la pratiquaient également, des villages et de gens avec qui elles cohabitaient et qu'elles côtoyaient. Cela signifie simplement qu'il n'y a pas d'autres témoignages que des références dans l'ensemble de textes sacrés, historiques, littéraires et de normes que nous pouvons dire officiels. Pour contredire la négation avec laquelle débute ce document, je pourrais moi-même spéculer de façon audacieuse tout en me basant sur les textes mentionnés, sur les références des livres de la Bible, où nous pouvons supposer ce qui s‘est passé en Babylone durant l'exile et, si j'accepte que les origines légendaires recueillent des traditions orales qui ont certain fondement véridique, ou qui reflètent au moins une volonté de connexion culturelle, on peut même se souvenir que les ancêtres d'Abraham résidaient à Ur de Caldea, territoire où l'observation du ciel nocturne et des formules astrologiques étaient relativement importantes.

L'absence de références concernant les astres comme messagers de la volonté des dieux, ou leur influence sur le destin des humains dans tous les textes bibliques est facile à attribuer aux caractéristiques de la religion juive et au caractère que l'on a voulu donner à la divinité, unique et illimitée. Il est probable, cependant, que dans des domaines populaires, les choses furent quelque peu différentes, bien qu'il du s'agir surtout de divinités agricoles, plus terrestres que célestes, celles qui étaient préférées. Cependant, le rejet de la religion officielle envers l'astrologie, symbolisé par la condamnation aux consultations de devins et de sorcières, pouvait être sauvé par une interprétation flexible de la communication entre la déité et les humains –comme cela s'est fait quelques siècles plus tard – ou simplement, les aspects les plus matérialistes des observations de l'astrologie ne requérant pas d'avoir recours à des influences spirituelles, étaient considérés. Il convient également de souligner qu'au départ l'astrologie était réservée à des sujets d'état et se limitait aux questions qui concernaient le monarque, donc l'État.

C'est à l'époque des influences hellénistiques que les classes aisées prennent même des noms grecs, alors que des groupes de la population juive vivent la dispersion du peuple juif et avec la diaspora où l'on trouve des astrologues de religion juive, par exemple, à Alexandrie. L'existence d'astrologues juifs est encore plus importante lorsque les arabes, avec leur expansion, contribuent à la création et à la diffusion de la culture et à récupérer la culture classique. Et c'est précisément en Espagne, comme entité géographique où l'histoire des trois cultures converge, où nous trouvons des astrologues juifs qui défendent la correction religieuse de l'astrologie ou la critiquent, la pratiquent au service du pouvoir politique et laissent des écrits avec leurs connaissances. Nous parlons d'auteurs comme Maimònides, Abraham ibn Ezra ou Moïses Sefardí (Pedro Alfonso), qui a été au service du roi d'Aragon, Alphonse le Batailleur, ou Jacob ben David Bonjorn.

L'origine de Gérone de Jacob ben David Bonjorn fait partie de la gloire de notre quartier juif. Dès lors, ils regardèrent également le ciel pour en savoir plus.